- Haunted nights emprunte son titre à un standard de jazz composé par Duke Ellington dans sa période jungle. Caractérisé par la permanence d'une pulsation régulière et lente assurée par la basse et les percussions et par des envolées rapides des instruments solistes imitant des cris d'animaux sauvages, ce style s'inscrit donc dans une certaine tradition de l'écriture pour big-band (notamment su./...
- Haunted nights emprunte son titre à un standard de jazz composé par Duke Ellington dans sa période jungle. Caractérisé par la permanence d'une pulsation régulière et lente assurée par la basse et les percussions et par des envolées rapides des instruments solistes imitant des cris d'animaux sauvages, ce style s'inscrit donc dans une certaine tradition de l'écriture pour big-band (notamment sur le plan rythmique) tout en laissant préfigurer, par l'autonomie du discours mélodique et la superposition d'éléments illustratifs sans aucun rapport les uns avec les autres, la naissance du free jazz. C'est ce jeu de figure sur fond entre fulgurance et permanence, entre liberté et périodicité, que j'ai utilisé dans ma propre pièce. Une des illustrations les plus pertinentes de ce principe est la cadence centrale de clarinette, où l'instrument soliste réunit un balancement immuable entre deux notes (mi et sol) et des insertions de phrases musicales ou de sonorités inouïes au caractère improvisé. Si l'oeuvre débute sur un épisode interrogatif, un temps lisse, la pulsation s'impose rapidement, contrariée par des accents irréguliers (section où le vibraphone est l'instrument unificateur du trio), par des périodicités de six triples croches (dernière partie), par un éclatement du discours aux trois instruments (début). Dans ma production, Haunted nights est un de ces nombreux divertissements faisant référence aux musiques populaires ou improvisées qui me permettent d'aérer mon écoute alors que je travaille à une pièce pour grand effectif ou de longue durée (en l'occurrence, Le sette chiese, oeuvre d'une quarantaine de minutes destinée à l'Ensemble InterContemporain). Il s'agit alors pour moi de retrouver une certaine évidence du discours, d'élaborer des formes reposant sur le conflit et la juxtaposition. Commande du festival de l'Empéri, Haunted nights est dédié à Jérôme Chabannes. --- Date de parution : 01/01/2002